Le 11 janvier 2017, François Fillon est loin de la tourmente déclenchée par les révélations du Canard enchaîné sur l'emploi présumé fictif de sa femme.

Le candidat de la droite lance sa campagne présidentielle en terrain sûr, celui de la sécurité, l'immigration et le terrorisme et en terre conquise à la droite : la région Paca.

« Il ne suffit pas d'avoir des centaines de caméras,

encore faut-il pouvoir en exploiter les images. »

Par ailleurs, ce déplacement
est le premier qu'il effectue en tant
que candidat de la droite
après une bataille très rude entre
les différentes écuries. L'unification
de la famille ne va pas de soi.

A Menton, où il est venu inspecter un poste frontière à la limite de l'Italie, François Fillon refuse de parler à la presse alors même
que ses équipes ont tout organisé
pour que les journalistes le suivent de près.

Une habitude qu'il a prise pendant la primaire
de la droite, affirmant préférer rencontrer
les Français plutôt que de sillonner les plateaux
de télévision.

Cette stratégie a été payante pour la primaire, mais lui a valu d'être particulièrement maltraité durant la campagne par la presse qui n'a pas
un seul instant pensé qu'il pourrait l'emporter.

Son meeting à Nice, la ville de Christian Estrosi, en est un bon exemple.

Son hôte, Christian Estrosi, qui détient les clefs de la région, de la métropole et de la ville, n'hésite pas à lui rappeler qu'il est « sarkozyste » et pas « filloniste », tout en lui réaffirmant son soutien.

Sa présidentiabilité, notamment construite

sur un discours d'exemplarité, a explosé en vol,

à la suite des révélations du Canard enchaîné.

Pour ne pas perdre la face et montrer sa solidité en tant que leader, François Fillon lui répond dans son discours par une attaque similaire. « Il ne suffit pas d'avoir des centaines de caméras, encore faut-il pouvoir en exploiter
les images. »

En parlant sécurité à Nice, François Fillon sait qu'il doit pousser le curseur à son maximum pour ne pas laisser la voie ouverte au FN qui a déjà failli remporter la région.

Son discours, particulièrement dur
sur les questions d'immigration plaît, sans surprise, au public venu assister
à la première sortie de son candidat
à la présidentielle
et juger de sa présidentiabilité.

La phrase vise la vantardise de Christian Estrosi qui avait affirmé, plusieurs mois avant l'attentat de Nice, que les terroristes de Charlie Hebdo n'auraient pas pu se déplacer librement dans sa ville grâce aux caméras.

REPORTAGE de Gabriel Nedelec